Awa, une élève de 15 ans meurt en voulant se faire avorter clandestinement
Ces quelques lignes retracent l’histoire d’une jeune fille dans la région de l’Est. Les faits se sont déroulés dans la ville de Fada en 2012.
En effet lors de leur sortie de sensibilisation dans le cadre du projet SAAF, les parajuristes se sont entretenus avec un Agent Itinérant de Santé qui leur a raconté l’histoire de sa nièce AWA qui était âgée de 15 ans en classe de 4ème. Jeune fille très respectueuse, travailleuse et pieuse, Awa s’était fait le vœu de rester vierge jusqu’au mariage mais elle était loin d’imaginer que rencontrer Issa allait bouleverser toute sa vie.
Un jour en revenant de l’école elle avait fait la connaissance d’Issa, un jeune du village qui passait son temps à draguer toutes les jeunes filles et leur promettait ciel et terre. Awa n’était pas visiblement intéressée, Issa a donc insisté et lui a juré qu’elle finira dans ses bras de gré ou de force. C’est ainsi qu’après plusieurs échecs dans sa volonté de la compter parmi ces nombreuses conquêtes, Issa usa des moyens mystiques pour assouvir son désir et réussi à emmener Awa dans son lit pour coucher avec elle.
Après l’acte sexuel, la jeune fille découvrit quelques mois après qu’elle voyait plus ses règles et se rendit à l’hôpital. En effet les résultats des tests sont unanimes Awa attend un bébé. Elle se précipita pour l’annoncer à Issa qui lui jette à la figure qu’il n’a fait les rapports avec elle qu’une seule fois, que ce bébé ne peut être de lui et que c’est mieux qu’elle aille loin chercher le papa de son bâtard.
Effondrée, elle s’est rendue de nouveau à l’hôpital ou elle a été stigmatisée et chasser par les sage-femmes au motif qu’à 15 ans au lieu de penser à ses études, c’est derrière les hommes elle court. Awa voulait juste être écoutée et conseillée car orpheline de mère, elle ne savait pas à qui se confier.
Voyant donc ses vœux brisés et n’ayant bénéficié d’aucune attention ou aide, elle décida d’interrompre clandestinement la grossesse. Après une première tentative sans succès, elle essaya une seconde fois qui malheureusement aura raison d’elle. Ce matin-là, son oncle de retour de sa garde trouva sa nièce baignant dans son sang. Elle a insisté pour lui raconter l’histoire avant de rendre l’âme.
Awa décéda sous le regard impuissant de son oncle. Perdre la vie à 15 ans et pour ces motifs on n’en souhaite à personne. Les sage-femmes l’ayant chassé sans même l’écouter se sont senties coupable et étaient désemparées d’apprendre la mauvaise nouvelle de son décès. Encore des morts par ignorance, des morts à la fleur de l’âge. Toute la société est coupable de la mort de AWA
N.B : Récit recueillis d’un animateur de la commune rurale de Saaba d’un Agent Itinérant de Santé (AIS)