Jeune fille infectée par le VIH/sida par ignorance
Je m’appelle Awa. J’ai 19 ans. Ma vie a changé lorsque très jeune, ma mère est décédée. Mon père avait deux femmes mais n’aimait pas ma mère car on l’accusait de sorcellerie dans tout le village. A son décès la coépouse de mon père développa autant de haine en mon encontre puis elle ne cessait de faire croire à mon père que j’étais une héritière vivante pour poursuivre la sorcellerie. Très vite, mon père tomba dans son piège et commençait à avoir moins d’affection pour moi. Elle me faisait souffrir, m’insultait, me bastonnait sans que mon père ne prenne ma défense.
Pour mettre fin à cette souffrance, j’ai dû fuir ma famille. A la recherche de travail pour subvenir à mes besoins, je suis venu à Ouagadougou, la capitale. Très vite, je fis connaissance d’une amie, ressortissante de mon village, Sali qui me trouva du travail dans une cour en tant que domestique. Ma patronne ne m’appréciait pas trop. J’ai fait des économies et je me suis lancée dans le commerce ambulant.
J’étais inspirée par Sali qui se faisait belle, séduisante pour parcourir les artères de la ville. Elle m’a conseillée qu’on pouvait gagner dans le commerce. En vendant, les hommes s’approchaient beaucoup de moi, mais je les repoussais. Sali commença alors à se fâcher en voyant les avantages que je pouvais gagner de ce jeu. Avec le temps, je fini par tombé dans le jeu de Sali dans le but de pouvoir l’aider à payer le loyer et à agrandir mon commerce.
Chaque soir je couchais avec un homme pour commencer. Avec le temps 2,3 puis 4 hommes dans la soirée. Je n’avais aucune conscience du danger que je courais. Avec le temps, je me suis acheté une moto de plus de 650 000f. Je me voyais comme une Star.
Sali ayant plus de connaissances en santé sexuelle et reproductive, c’était fait mettre une méthode contraceptive (norplan) pour pratiquer le métier sans gêne sans m’en avoir informé. J’exigeais parfois les préservatifs avant chaque rapport sexuel. Je n’avais pas cessé de pratiquer mon commerce marchand. Un bon jour, j’étais de passage dans un quartier de la place ; attirée par la musique et la foule, j’avais l’ambition de profiter faire un maximum d’argent.
Ce fût le cas car c’était une clinique mobile organisée par une ONG intervenant dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive. Mes produits étaient finis et j’ai profité pour participer à cette clinique mobile. Une bonne dame m’appela depuis le stand. J’y suis allée pour l’écouter et elle m’a présenté un peu les services disponibles dont le test du VIH qui était gratuit. J’ai accepté le test. Au bout de 3h, j’attendais le résultat pour pouvoir poursuivre mon chemin.
Ceux ou celles venus après moi repartaient vite pendant que j’étais toujours là. La dame m’appela après et me donna son contact et dit qu’elle viendra discuter avec moi après. Je ne savais ce qui se passe mais je suis repartie en lui remettant mon contact.
Le lendemain, nous nous sommes rencontrées et elle m’a dit que ce qu’elle avait à me dire était grave mais d’être courageuse. Je dis oui, dites-le-moi s’il vous plaît. « Vous avez le VIH/Sida, madame ». Je commençai à pleurer et elle me réconforta en me proposant des solutions.
Je racontai à Sali, ce qui m’est arrivé dans la journée puis elle me disait ceci « si ce n’est pas parce que tu es bête, tu peux coucher sans mettre une méthode ? tant pis pour toi deh » cela fait plus de 12 ans que je vis avec la maladie. Je suis allée de l’avant malgré tout. Avec l’accompagnement de la bonne dame et de son association, j’ai pu bénéficier d’ARV pour pouvoir soulager mon mal malgré que les mauvaises personnes comptassent le nombre de jours de vie restant.
J’écris ce récit de vie pour dire à mes sœurs de faire attention dans le choix de nos amies car elles peuvent nous conduire en erreur. Ensuite elles doivent s’informer en matière de santé sexuelle et reproductive en s’approchant des structures de santé pour pouvoir esquiver le cas qui m’est arrivé. »